Lyon, métropole riche en patrimoine et en innovations architecturales, abrite un lieu emblématique au croisement de l’histoire industrielle et culturelle : la Halle Tony Garnier. Ce bâtiment monumental, d’abord consacré au marché aux bestiaux et aux abattoirs, s’est transformé au fil du temps en une grande salle de spectacles reconnue. Son architecture audacieuse, fruit du génie de Tony Garnier, et sa capacité à évoluer avec les besoins de la ville font de cette halle un témoignage vivant du dynamisme lyonnais. De ses origines au début du XXe siècle aux événements majeurs qu’elle accueille aujourd’hui, la Halle Tony Garnier incarne la richesse culturelle et artistique de Lyon. Visitée par des milliers de passionnés d’art et de musique, elle continue d’innover tout en restant ancrée dans son prestigieux passé.
Les origines architecturales et techniques de la Halle Tony Garnier à Lyon
Au début du XXe siècle, la ville de Lyon, alors en pleine expansion industrielle, se dote d’un projet d’envergure pour moderniser ses infrastructures liées à l’abattage et au commerce des animaux. Tony Garnier Halle, architecte visionnaire nommé en 1906 par le maire Edouard Herriot, est chargé de concevoir un ensemble moderne et fonctionnel, respectant les critères d’hygiène émergents de l’époque. Ce projet, initié en 1908, débouche sur la construction des abattoirs et du marché aux bestiaux situés au quartier de la Mouche.
Ce qui distingue la Halle Tony Garnier, c’est avant tout son audacieuse charpente métallique. D’une dimension impressionnante, avec une longueur de 210 mètres et une largeur de 80 mètres, la halle s’étend sur une surface équivalente à deux terrains de football. La prouesse technique majeure réside dans sa structure porteuse : la vaste toiture repose sur une charpente métallique libérée de piliers centraux, grâce à l’utilisation ingénieuse des poutres articulées à rotules développées par l’ingénieur Victor Contamin. Cela a permis d’offrir un espace intérieur dégagé et modulable, parfaitement adapté à une grande variété d’usages.
Son esthétique, avec une façade en escalier désormais iconique, témoigne du style architectural industriel bercé par l’Art Nouveau et les prémices du modernisme. Loin d’être un simple bâtiment utilitaire, la halle incarne une symbiose réussie entre fonctionnalité industrielle et beauté formelle, emblème d’un Lyon technologique et progressiste au seuil du XXe siècle.
De l’exposition internationale de 1914 à la transformation militaire : un épisode clé de la Halle Tony Garnier
La Halle Tony Garnier doit aussi sa célébrité à son rôle pivot lors de l’exposition internationale urbaine de Lyon en 1914. Cette exposition, centrée sur l’urbanisme moderne et les améliorations hygiéniques, se déploie sur près de 75 hectares dans le quartier de la Mouche et du Confluent. La halle, encore inoccupée en tant que marché aux bestiaux, accueille des sections prestigieuses, telles que l’automobile, l’éclairage électrique et la métallurgie.
Le bâtiment attire un million de visiteurs comme vitrine des progrès techniques et sociaux de la ville. Cependant, le déclenchement de la Première Guerre mondiale bouleverse son destin. Dès août 1914, la halle est réquisitionnée pour soutenir l’effort de guerre lyonnais. Elle devient alors une usine d’armement, où près de 12 000 ouvriers, hommes et femmes, fabriquent quotidiennement 20 000 obus. Cette activité intense démontre la capacité d’adaptation de la halle et joue un rôle crucial dans l’économie locale et nationale pendant ces années difficiles.
Le changement de vocation démontre aussi l’importance stratégique de la structure, située à l’écart du front mais essentielle à l’industrie militaire. Après la guerre, une longue période de réhabilitation est nécessaire pour transformer les locaux en marché aux bestiaux, inauguré finalement en 1928.
Une renaissance culturelle et artistique marquée par des rénovations majeures
Après plusieurs décennies d’activité dans le secteur agroalimentaire, la fermeture des abattoirs en 1967 marque une période d’abandon pour la Halle Tony Garnier. Menacée de démolition, la halle est sauvée grâce à une campagne de protection du patrimoine menée dans les années 1970, débouchant en 1975 sur son inscription au monument historique. Ce classement souligne l’importance architecturale et culturelle du bâtiment, préservant son avenir.
Le tournant décisif intervient en 1988 avec la première grande rénovation. La ville de Lyon lance d’importants travaux qui transforment la halle en un espace multifonctionnel dédié au spectacle. La mise en valeur des arches métalliques par un éclairage spécifique et la création d’infrastructures techniques permettent d’accueillir concerts, expositions, conventions et émissions télévisées. Ces aménagements conservent l’intégrité historique tout en répondant aux exigences contemporaines.
En 2000, la halle bénéficie d’une nouvelle réhabilitation, qui améliore son acoustique, ajoute des gradins rétractables et installe des passerelles techniques. Ces interventions renforcent la modularité et la qualité d’accueil, positionnant la Halle Tony Garnier comme l’une des plus grandes et polyvalentes salles de spectacle de France, capable d’accueillir entre 5 000 et 18 000 personnes, rivalisant ainsi avec la salle parisienne de Bercy.
La Halle Tony Garnier, un foyer intense d’événements culturels variés à Lyon
Aujourd’hui, la Halle Tony Garnier est un lieu incontournable du paysage culturel lyonnais. Son immense espace accueille une multitude d’événements allant des concerts de musique internationale aux spectacles de danse, théâtre, comédie musicale, ainsi qu’à des émissions télévisées majeures. Son acoustique et sa superficie en font un site privilégié pour les productions de grande envergure.
Parmi les temps forts, la halle propose plusieurs soirées d’ouverture et de clôture du Festival Lumière, un événement cinématographique de renommée mondiale qui célèbre le patrimoine cinématographique. De plus, elle accueille des salons d’importance nationale, comme le Salon des Vignerons Indépendants, où des producteurs de toute la France viennent exposer leur univers viticole dans une ambiance conviviale.
Ce dynamisme confère à la Halle Tony Garnier un statut d’espace culturel pluridisciplinaire, fédérant autour d’elle une communauté diverse, allant des professionnels du spectacle aux amateurs d’art en quête d’émotions fortes. La proximité avec le biopôle de Gerland et les infrastructures environnantes enrichit encore ce bassin culturel et touristique, attirant chaque année un public tant local qu’international.